Mickey Baker

« Héros oublié du Rock’n’Roll ! »

Lorsqu’il est évoqué les premiers grands guitaristes noirs-américains du Rock’n’Roll, il est normal que Chuck Berry soit le plus cité, il en a écrit l’abécédaire. Bo Diddley et son Diddley Beat (le jungle pattern qui te disloque les genoux) arrive bien souvent ensuite, et les plus érudits ajoutent parfois Ike Turner (loin d’être manchot, il était aussi excellent pianiste, avait bossé pour Sun records, et sorti le premier 45 tours officiel de R’n’R en 1951 chez Chess).

Un nom cependant manque souvent à l’appel, celui de Mickey Baker.

Né à Louisville Kentucky en 1925, le jeune McHouston Baker est élevé par sa grand-mère (la tenancière du bordel qui l’a vu naitre). Placé en orphelinat à 11 ans, il enchaine dès lors les fugues. A l’adolescence, il décide de monter sur New-York, non sans avoir avant fait un peu de correctionnel pour vol, s’être découvert un amour pour la musique ainsi qu’un certain talent pour animer les soirées près des jukebox. Il traine pas mal le monde de la nuit, les musiciens, les roublards, les abimés, et hésite pas mal entre les deux premiers. Son amour du Jazz l’emporte, et en 1944 il s’achète une guitare, il aurait préféré une trompette mais trop chère pour lui. Il découvre le monde du Blues/R&B et trouve ça bien plus drôle que d’enchainer les accords de 7ème diminués devant un public guindé. Quelques cours plus tard, le jeune Mickey est devenu bon, très bon… Au point que de nombreux labels font appels à ses services, en tant que guitariste, compositeur ou arrangeur. Les séances studios (3 hours/4 tracks) s’enchainent, ainsi que les passages sur scènes la nuit tombée. Il est un activiste majeur des premières heures du rock’n’roll, joue aux cotés d’artistes légendaires, et enregistre notamment les premières versions de Shake rattle and roll, Money honey, I put a spell on you, Got my mojo working, Great balls of fire, Fever (quoique sur celle-là tout le monde n’est pas d’accord), et I’m a hog for you, titre dans lequel figure selon moi la quintessence du solo-guitare punk (quand j’ai su que Mickey Baker en était l’auteur, je me suis couché avec un grand sourire). Il trouvera le succès avec son duo Mickey & Sylvia (une des ses élèves guitariste), mélange de rock’n’roll et de calypso.

Mais la reconnaissance et le prestige ne font pas tout, Mickey doit toujours se contenter d’hôtels pourris, de restos de secondes zones… Un soir il quitte un club au bras d’une demoiselle, trop blanche pour lui aux gouts d’une poignée de connards. Il y perd un œil, et se dit que peut-être, la France ça pourrait être sympa. Début soixante, l’hexagone est en pleine période yéyé, il en profite pour placer une méthode de guitare dans le magazine Salut Les Copains, et on le retrouve sur différents enregistrements de l’époque. Des trucs vraiment sympas, comme les titres avec Ronnie Bird, d’autres beaucoup moins, notamment pour Sylvie Vartan et Chantal Goya.

Il se produira pas mal ensuite sur les scènes européennes des festivals Jazz & Blues, enregistrant encore quelques albums avec d’anciens compères ayant eux-aussi émigré sur le vieux continent.

Il n’aurait apparemment pas gardé un bon souvenir de ses collaborations avec les musiciens français.

Le bonhomme est mort en 2012, à coté de Toulouse où il vivait depuis longtemps.

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