Ike Turner (and the Kings of Rhythm)

Décédé en 2007, le grand publique n’aura finalement retenu que très peu de chose sur le personnage, à savoir le pire : la violence conjugale et ses problèmes de cocaïne.

Son curriculum-vitae témoigne pourtant d’un parcours bien plus riche : pianiste, guitariste, auteur, compositeur, interprète, dénicheur de talents (il fera signé et accompagnera notamment Howlin Wolf, B.B. King et Elmore James), il créera son propre label ainsi que son studio (que la police du coin fera partir en fumée). Le « Rock’n’Roll Hall Of Fame » lui attribue par ailleurs le premier disque Rock jamais enregistré (en 1951 pour Sun Records) avec son groupe les Kings of Rhythm (a tout juste vingt balais), mais qui pour une histoire de droits sorti sous le nom du chanteur « Jackie Brenston et ses Delta Cats », un Boogie au tempo enlevé qui vante les sorties entre potes dans le dernier modèle Ford (la Oldsmobile ’88), le tout accompagné par la première guitare distordue enregistrée (le fameux coup de l’ampli tombé du coffre sur le parking du studio).

Izear Luster Turner Junior (de son vrai nom) né en 1931 à Clarksdale Mississipi, ville déjà mythique pour avoir vu apparaître Robert Johnson, Muddy Waters et John Lee Hooker. De parents professeure et prêtre baptiste, c’est depuis la fenêtre du salon familial qu’il assiste à ses 9 ans au lynchage de son père par un groupe de rednecks, emmené par un mari dont le révérend aurait tenté de séduire la compagne, il mourra quelques semaines plus tard des suites de ses blessures, dans une cabane au fond du jardin (sa femme ayant refusé qu’il re-intègre la maison après l’histoire).

Le jeune Ike se découvre très tôt un amour pour la musique, devenant notamment le dj attitré des soirées locales. Mais c’est sa rencontre avec le légendaire pianiste blues Pinetop Perkins qui lui mettra définitivement le pied à l’étrillé. Il accompagne ensuite Sonny Boy Williamson et Robert Nighthawk, part pour Saint-Louis puis Chicago, se met à la guitare et adopte le tout nouveau modèle Fender de l’époque, la stratocaster avec laquelle il développe une technique très agressive du vibrato. Grand control-freak devant l’éternel, il monte à la fin des années 40 son propre groupe qu’il dirige d’une poigne de fer. Travailleur, exigeant, roublard et parfois aussi violent (le type se trimbale ferraillé), le groupe écume tous les bars clandos et bordels de la région. Enregistre sur chaque label possible et parfois sous différents noms des titres blues, jump, instrumentaux, doo-wop, r&b, etc… Ike Turner (and the Kings of Rhythm) est l’un des tout premiers acteurs de la transition blues/rock’n’roll, et si l’on considère les deux principaux prétendants au titre de père fondateur du genre, soit Chuck Berry qui grave son premier titre en 1955 à l’âge tardif de 30 ans, et Elvis Presley (1er titre en 54) qui avait certes sensiblement le même âge qu’Ike, mais n’était qu’un simple interprète (ce qui n’enlève rien à son rôle prépondérant et son talent), force est de constater que l’on peut envisager l’histoire de façon un peu différente. Little Richard lui-même avait déclaré dans une interview qu’Ike Turner « was the first real rock’n’roll motherfucker »…

En 1960, le groupe touche le jackpot avec un titre chanté par la jeune choriste nouvellement arrivée, Anna Mae Bullock, bien qu’enceinte du saxophoniste, son mariage avec Ike est officialisé en 1962 (même si celui-ci n’a jamais divorcé de sa précédente union). Dès lors sous le nom de « Ike and Tina » l’ensemble se métamorphose en revue Soul au succès international, et devient l’un des rares groupes pouvant rivaliser avec le James Brown Band. C’est lors d’une soirée en compagnie d’Elvis à Vegas qu’Ike découvre la cocaïne, une consommation dont il n’arrivera jamais vraiment à se défaire. En 76 lasse d’un Xième excès de violence, Tina fini par demander le divorce, le déballage publique du comportement nauséabond d’Ike le grille définitivement dans le métier, s’ensuit une incarcération de plusieurs années pour trafic de stups (piégé par le fbi, il apprend son intronisation au R’n’R Hall of Fame en cellule). Il meurt à l’âge de 76 ans d’une surdose.

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