Retour sur une période peu documentée, celle du rock instrumental. Apparu à la toute fin des années cinquante, soit antérieur à la surf-music mais postérieur à l’age d’or du rock’n’roll, faut dire que ses principaux représentants ont alors un sérieux coup dans l’aile, Chuck en prison, Elvis à l’armée, Jerry Lee mis au ban, Buddy et Eddie parti rejoindre l’éternel, Roy s’est mis à la variété, et Little Richard ne veut plus entendre parler que de Gospel… Bref c’est un peu la débandade. La nouvelle génération se lance dans une version épurée, sans chant, parfait pour animer les teenage dance-halls des samedi soirs et les tripots de banlieues. C’est ainsi que des milliers de 45trs (le support de l’époque) voient le jour, réalisés par de jeunes garage-bands (mais parfois aussi par des musiciens de studios). Les Ventures deviendront la référence mondiale du genre, sortant jusqu’à fin 70 entre 2 et 4 albums par an, et en Europe les Shadows eux influenceront tout le vieux continent.
Mais c’est peut-être Link Wray (accompagné de ses frangins) qui restera le plus mythique de tous, le gars se lançant très tôt dans le game, s’essayant un peu au chant (mais c’est pas facile quand t’as perdu un poumon), il fut connu pour jouer sa guitare avec énormément d’attitude et à un volume rendant sourd toute l’assistance. Il trouvera l’astuce une fois en studio de lacérer le haut parleur de l’ampli afin de recréer le son distordu qu’il pouvait obtenir en concert. Il tournera (et enregistrera) jusqu’à sa mort en 2005, son tube « Rumble » sorti en 1958 s’écoulera à plusieurs milliers d’exemplaires et sera interdit d’antenne radio pour incitation à la violence (on parle d’un morceau instrumental tout de même…). Il reste en tout cas le musicien le plus cité quand on parle de very bad rock’n’roll originel.
Voilà, tous les titres plus bas sont sortis entre 1959 et 1964 (à part les Tempos de ’66), pour la petite histoire Nick and the Jaguars furent le seul groupe blanc édité par Tamla/Motown records (le label soul), et le morceau des Revels restera sûrement comme le morceau trouant le plus le cul de toute l’histoire du 7 ème art…